Un bout de l'histoire des programmeur du Web

Années 90 - Le début

Ma première page HTML, c’était en 1999.

Un rapide exposé : en 1989 le Web voit le jour et, dans les années 90, sa diffusion fut très rapide. C’est davantage vers 1995 que le web s’installe véritablement en France, avec la sortie des premiers forfaits d’abonnement RTC puis l’arrivée de l’ADSL en 1999. Internet arrive peu à peu dans l’hexagone, et les Français s’y mettent de plus en plus nombreux.

Pendant cette période, le Web ressemble à un sac de nœud bordélique : les moteurs de recherches ne sont pas encore démocratisés. Il y a bien l’ancêtre, AltaVista (qui existe toujours), mais les résultats ne sont pas assez pertinents et il faut bien souvent utiliser des annuaires pour trouver des sites intéressants. Il faudra attendre 1999 pour que Google vienne mettre un peu d’ordre là dedans.

Avant que le Web se modernise et devienne celui que nous connaissons aujourd’hui, les choses étaient bien différentes… Les sites Web de l’époque étaient quasiment tous fait à la main par des développeurs amateurs. Le langage HTML - qui est utilisé pour réaliser les pages d’un site Internet – étant relativement simple, beaucoup de personnes se sont amusés à faire des petits sites à droite et à gauche. Mais tout cela restait très limité.

Quelques exemples pour vous donner une idée :

Pour les développeurs Web c’était une époque difficile. Le plus gros problème venait du navigateur Web de Microsoft intégré à tous les exemplaires de Windows. Toutes les personnes qui ont utilisé un PC dans les années 90 pour surfer sur le Web ont utilisé le logiciel Internet Explorer 5. Or, fidèle à son habitude de ne pas respecter les standards pour imposer le sien, Microsoft imposa sur le marché un navigateur qui était impossible d’afficher les pages convenablement et qui était truffé de bugs. Les programmeurs devaient passer des nuits blanches pour parvenir à faire fonctionner leurs sites sur tous les navigateurs disponibles à cause des nombreuses incompatibilités en Javascript. Avec la version 6 d’Internet Explorer qui arriva avec Windows XP en 2001 et qui s’imposa sur les ordinateurs domestiques pendant presque 10 ans, Microsoft paralysa littéralement le secteur du développement Web pendant toute cette période. De plus, ajouter à cela l’absence quasi-totale d’outils de debuggage, il était impossible d’envisager que le Web puisse un jour développer le potentiel que nous lui connaissons aujourd’hui.

A cette époque, on disait même que le temps d’un projet Web devait être divisé en deux : 50% du temps pour réaliser le site, et 50% pour le rendre compatible avec IE… C’est ce qui a donné petit à petit une mauvaise réputation au métier de développeur Web, associé souvent à un amateur autodidacte bricolant avec des morceaux de codes glanés à droite ou à gauche.

Parmi les choses qui symbolisent pour moi parfaitement cette époque, il y a ces petites images qui se trouvaient sur tous les sites, pour indiquer la compatibilité avec tel ou tel navigateur, ou tel ou tel technologie.

Les fameuses icônes: pour des navigateurs, des technos ou des compatibilités

Ce qui a entraîné des abus dans la course à la compatibilité, et un peu de ras le bol

C’est aussi à cette période qu’on a vue naître les deux plus grands fléaux de la création sur le Web : les GIFs animés et les frames. Sur les sites, on retrouvait partout des boutons clignotants, des banderoles aux couleurs sur-contrastées qui défilaient à l’infini, et des bannières « En construction »… Le plus sous développés sous Macromedia Dreamweaver (avant que ce ne soit un produit Adobe), les sites perso Français étaient tous chez Multimania, qui offrait un hébergement gratuit en contrepartie d’un bandeau de publicité affreux masquant 50% de la page. Ce fut aussi l’époque des premiers CMS (Content Management System) et des premiers forums sous PHP 3.

Années 2000 - Le boom du CSS

Dans les années 2000-2005, un changement radical et collectif a eu lieu au sein des développeurs Web. Pour comprendre, il faut savoir que dans les années 90, on se servait de tableaux (la balise en HTML) pour faire la mise en page des sites. C’était très pratique : il suffisait de découper la maquette faite sous Photoshop, et ce dernier s’occupait de générer le code HTML de la page et de séparer les morceaux de l’image. En plus, il était très simple de choisir l’alignement du contenu dans les cellules (en haut, à droite, …) du tableau, ce qui a fait qu’il est devenu un outil récurent dans la création de site. Mais depuis l’an 2000, tous les navigateurs implémentent une nouvelle norme, les feuilles de styles (ou CSS), et ça, ça va tout changer.

Comme le Web a beaucoup grandi et surtout beaucoup grossi, il advient une évidence que perçoivent les informaticiens de cette époque : la toile n’est ni plus ni moins qu’une gigantesque base de donnée. Base de données visuelle certes, mais surtout une base de données au sens logique, c’est-à-dire un endroit où l’on peut tirer l’information. De ce constat il faut en conclure un autre : à l’image des autres langages de programmations, le Web doit séparer l’aspect visuel du contenu, afin que ce contenu soit accessible sans être dépendant des styles, des couleurs, des polices de caractères… Si le Web doit être une base de données universelle pouvant contenir des sites sur tous les sujets possibles et imaginables, il faudrait néanmoins que ces données soient identifiables, qu’on puisse savoir où se trouve le titre, les paragraphes, les annotations de diagrammes, etc.… Les développeurs sont donc allé retrouver les vielles documentations du langage HTML, et on regardé un moment voir à quoi servaient les balises et quelle contenu devait s’y trouver. Quand au fameux CSS, il permettait de décrire précisément la présentation (le design) des pages HTML dans un autre fichier, appelée feuille de style, qui se trouvait véritablement séparée.

C’est ainsi que les tableaux, qui étaient les amis précieux des designers pendant les années 90, se sont retrouvés diabolisés. Le mot d’ordre était celui-ci : ne faites plus vos design avec des balises <table>, utilisez les <div> ! Soyez moderne et respectez les standards du Web ! Tous le monde mit son cœur à l’ouvrage : pendant les années qui ont suivirent, tous les sites se lancèrent dans un grand nettoyage !

Les CSS étant encore un peu nouveaux, il prit un peu de temps aux développeurs pour retrouver leurs marques. La connaissance collective augmentait au fil du temps, aux fils des articles qui paraissaient de temps à autres sur des blogs en vogue, et qui expliquaient comment obtenir tel fonctionnalité ou telle autre. C’est aussi à cette époque qu’on vit arriver les premiers hacks CSS : en bidouillant un peu entre les bugs et les possibilités des navigateurs, des acharnés arrivèrent à solutionner des problèmes de compatibilité (majoritairement avec IE) et même parfois à rajouter des fonctionnalités (transparence des images PNG sous IE 6).

Ce qui me rappel encore cette époque, c’est la magnifique galerie de design CSS Zen Garden qui nous a donné à tous l’envi de passer au CSS, et le site Alsacreation, la bible des techniques CSS.

Années 2005 - Ajax

La suite, au prochain épisode…

Implémentation artisanale de l’objet XmlHttpRequest


About the Author

Ted Marklor est un web designer, un web developer et un génie de la nature. Transcendant le web depuis bientôt 15 ans, Ted est une source d’inspiration et de conseil pour toute une génération de jeunes programmeurs. Le Web 2.0, c’est lui. Dans la vie, il aime aussi faire des avions en papier, s’inventer des pseudonymes et une vie de winner, et surtout parler de lui à la troisième personne. Ça se fait en ce moment sur les blogs…


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